Après le chapitre 1, sur la résonnance et le « A quoi bon », je vous invite dans mon chemin d’écriture sur le Renouveau à ce second chapitre : le grand voyage intérieur !
Le départ
Mars 2019. Le 1er confinement tombe brutalement et marque un coût d’arrêt dans mon activité. En ayant une activité d’indépendant, les 2 ou 3 premiers jours sont un peu source de « panique » : combien de temps vais-je être sans activité ? Comment faire économiquement sans rentrée de chiffre d’affaires ?
Comme pas mal de personnes, je suis à l’arrêt. Pas comme tout le monde car des personnes sont sur différents fronts : médical, alimentaire, organisationnel dans les entreprises et les administrations, …etc.
Passés ces premiers jours, je commence à vivre une expérience que je ne pensais jamais connaître : Alors que depuis de nombreuses années je bataille chaque jour avec mon agenda pour organiser et trouver du temps, celui-ci est dorénavant vide ! Et ce vide n’est pas que dans mon agenda, il s’invite à l’intérieur de moi.
Ce vide, je l’avais déjà éprouvé d’une certaine manière.
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D’abord, comme tout le monde dans des moments de « passage à vide », de « grande fatigue », avec l’impression d’osciller entre des moments « bien » et des moments « moins bien ».
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Aussi de façon plus intense et profonde dans ma période de soucis de santé en 2017 avec l’émergence d’un questionnement nouveau (cf. chapitre 1).
Quel paradoxe ! vouloir du temps et sentir alors ce vide en me retrouvant avec tout ce temps libre du jour au lendemain, sans savoir pour combien de temps. Un vide déroutant, inconfortable.
Au fond, cette situation n’est pas si grave. D’autres vides sont bien plus importants comme la perte d’un être cher. Mais de la même manière que je ne dis jamais à mes clients qu’il y a des problèmes plus graves que les leurs, ce vide dont je parle mérite de l’attention. Je dirai même qu’il m’a invité à porter une attention plus large, plus fine, plus lente à ce qui m’entoure, à ce qui m’habite. Où cela me mène-t-il ?
Direction vers l’inconnu
Ce vide s’impose à moi d’autant plus que j’ai fait le choix de ne pas compenser ma perte d’activités en investissant l’accompagnement à distance via le NET.
1 semaine se passe et je tombe par hasard (vrai ou faux hasard ??) sur un livre que j’avais acheté 3 ou 4 ans en arrière. Il trainait dans un coin de mon bureau. Fondu dans le décor, je ne le voyais plus. Je l’ouvre au hasard. Les premières lignes me frappent en plein cœur et des larmes s’échappent. Que se passent-il ? Je ne sais pas trop. Mais ce livre devient un aimant. Je plonge dedans pendant 1 mois, épluchant chaque page, relisant chaque ligne plusieurs fois comme pour m’en imprégner. Ce livre me bouscule, me rassure, me donne le vertige. Je me sens comme « accueilli » par son contenu. Il parle de ce que je n’arrive pas à nommer, à raconter, à exprimer, doutant du crédit qui serait accordé à mes propos.
En parallèle, ayant la chance de résider dans une maison à la campagne, je profite chaque jour d’une balade en forêt. Un temps de réflexion, de rêverie, de songe, d’introspection. Je me parle. Je m’enregistre même, de peur de perdre des espèces de fulgurances que la marche et le contact de la nature me permettent. Ces émergences quotidiennes n’ont pas de logiques, elles n’ont pas d’objectifs, elles viennent de l ‘intérieur et j’apprends à les écouter. Mon mental se bat pour trouver des réponses sur le champ : une nouvelle certitude, une nouvelle logique qui donnerait du sens, de la stabilité, de la sécurité.
Mais les fulgurances accompagnées de ressentis proviennent du ventre, du cœur, du corps. Et ils ont des choses à me dire. Y a-t-il un lien ou pas : des acouphènes prennent naissance dans mon oreille droite comme pour me dire : « hey, tu es sourd ou quoi, on te parle ! »
Lors d’une de ces balades, en parallèle de mes plongées livresques, une parole sort de ma bouche : « il est temps que tu sortes du bois ». Hasard ou pas encore, je suis exactement à l’orée d’un bois ! Je ressasse ces mots car je n’ai pas l’impression de me cacher. J’ai même plutôt le sentiment de partager assez facilement mes pensées, mes ressentis, mes doutes. Mais j’ai pris conscience aussi depuis plusieurs mois d’une nouvelle sensation à l’intérieur de moi : la sensation de « me tordre ». C’est une sensation physique, une mise en tension entre ma façon de vivre, de travailler, d’accompagner et … autre chose que je ne sais pas décrire à ce moment-là.
« Sortir du bois »
Qu’est-ce que je n’ose pas dire de moi ? Qu’est-ce que je n’assume pas de peur d’être ridicule ou pas crédible ? Qu’est-ce qui, en moi, demande à être libéré ? Quelle peur me ligote ?
Ce vide qui s’est imposé me permet de prendre le temps, de ralentir, pour porter de l’attention à cette sensation. De faire « pause » pour écouter en profondeur, pour accueillir cet inconfort mystérieux, cette incertitude qui touche mon Être. Je fais en même temps des liens avec des signaux faibles apparues ces 2 dernières années. Mais le rythme de la vie me prive de ce temps. Enfin, disons que c’est la bonne raison qu’à trouver mon mental pour éviter, peut-être, de regarder cela et maintenir les repères de l’égo. Parfois, il est plus facile de rester dans ses problèmes ou des situations très inconfortables que de vouloir en sortir : cela permet de rester dans une zone connue !
Mon attention porte aussi sur ceux et ce qui m’entourent. Comment je suis en rapport avec mes proches, comment je porte attention à ce qui est là, ici et maintenant, plutôt qu’à anticiper, à prévoir.
Le vide fertile
Pendant cette période d’arrêt, j’écris beaucoup, pour moi. J’écris sur ce livre réapparu, j’écris sur ce qui me porte et m’anime. L’écriture me permet de transformer les ressentis en mot, de penser depuis mon intériorité et non plus des idées téléchargées. Je suis conscient de la limite des mots, conscient aussi de cette tentation d’avoir des réponses immédiates, de pouvoir dire « ça y est, j’ai la réponse … c’est réglé ». Je ne le savais pas encore, mais il n’y avait rien à régler. Juste à écouter, juste à se connecter à soi et à ce qui m’entoure de près ou de loin.
Dans mes écritures, j’ai une pensée pour ceux j’aime et avec qui j’aime être. J’ai aussi une pensée pour ceux avec qui j’aime travailler : quelques personnes avec qui je travaille depuis plusieurs années dans une relation fluide, sincère, avec nos singularités. Et j’ai une image qui survient et l’envie de leur faire une proposition : celle de nous réunir de temps en temps pour échanger sur la « transition intérieure ». Cette dimension que je ne découvre pas vraiment, mais que je n’ai jamais osé évoquer si ouvertement, si profondément. Ça ne rentre pas dans les codes de notre société, et encore moins dans la plupart des Organisations. Et pourtant, c’est bien cela que j’identifie comme essentiel dans les transitions individuelles et collectives, dans la dimension humaine des Organisations. Pourtant, je suis porté par ces transitions intérieures : j’invite à investir les transitions par ses dimensions extérieures (visible et concrète) & intérieures (invisible et introspective), sans forcer, sans être intrusif…. Mais je ne l’assume pas pleinement car que pourrait-on dire ou penser de mon approche ?
Je pourrai dire que la transition extérieure correspond davantage au FAIRE, dans une dimension masculine soucieuse de concrétiser, de produire, de structurer, de s’occuper des faits et du tangible, alors que la transition intérieure correspond davantage à l’ETRE dans une dimension féminine faite d’intuition, d’intelligence émotionnelle, d’une perception plus globale et plus nuancée. Les 2 se complétant à merveille. Et rien à voir avec le fait d’être un Homme ou une Femme, je précise.