10 ans déjà !
Voilà 10 ans que je me suis pleinement lancé dans cette aventure professionnelle d’accompagner les entreprises, que ce soit des dirigeants, des managers, des équipes, des organisations.
NEOVANCE est le nom que j’avais donné à ma société au moment de sa création car ce mot m’inspirait un mixte entre NEO pour « Nouveau » et « VANCE » comme un mouvement aérien, une danse ». Ce nom est accompagné d’une base line : « culture & du management du Renouveau ».
Pendant ces 10 ans, je me suis appuyé sur mes expériences passées, sur mes missions d’accompagnateur avec des réussites et des difficultés, sur mes formations en cours de route, sur les espaces de partage avec des pairs, sur des rencontres, et sur l’apprentissage chemin faisant. J’ai avancé avec passion et aussi avec l’exigence de redémarrer chaque accompagnement comme une nouvelle histoire. J’ai vécu non sans pression ces 10 années, avec mes certitudes et mes moments de doutes. Et aussi modeste que soit mon entreprise, elle m’a comblé, car plus qu’un métier, elle m’a permis de m’exprimer, de créer, d’apprendre, de faire de multiples marquantes, de me développer personnellement, socialement, intellectuellement, et existentiellement.
Si je témoigne ici quelque chose de personnel, c’est parce que j’ai le sentiment que ce que je vis depuis quelques temps est en résonnance avec ce que vivent la plupart des individus dans notre société, dans un monde en transition en recherche de nouveaux repères. Ce sentiment que j’éprouve me traverse personnellement et professionnellement. Il se peut que ce même sentiment traverse d’autres personnes, les organisations et la société.
Les ruptures
J’ai beau accompagné des transitions et ainsi ouvrir des nouvelles fenêtres dans des situations ou des projets, j’ai moi-même de façon inconsciente des croyances profondes et des angles morts qui orientent mon regard, mes idées, mes émotions, mes états d’âme, mes choix, mes projets. Ceci fait ma personnalité, et c’est vrai pour de chacun.
Malgré ma quête de sens depuis aussi petit que je me souvienne, malgré mon propre chemin de développement personnel, malgré la grande ouverture que je crois modestement possédée pour ne pas m’enfermer dans mes certitudes, malgré le choix de ce métier de coach qui invite à aller vers la conscience de soi pour mieux accompagner les autres… malgré tout cela, j’ai pris conscience récemment de quelques certitudes et convictions qui se lézardent et ne font plus illusion.
Pourtant « douter des choses » n’est pas quelque chose de nouveau chez moi. Je dirai même qu’il fait partie de ma vie et a été un moteur d’apprentissage, de questionnement, même si je m’en serai bien passé par moment. Les personnes ne me croient pas vraiment quand je dis que le doute me traverse souvent. Paradoxalement, je crois que c’est parce que j’ai su apprendre à dire « je ne sais pas », « je ne suis pas certain », que cela donne l’impression de l’absence de doutes.
Le doute m’a aidé aussi à observer, à écouter, à chercher à comprendre, à mettre de la nuance dans mon regard et mes idées pour ne pas tomber dans des positions clivantes (le réflexe du pour ou contre), pour prendre le temps de me faire un avis et de me positionner.
Mais cette fois-ci, ce n’est pas comme d’habitude. C’est plus profond avec le sentiment d’entrer dans l’inconnu. La conjugaison d’évènements personnels et d’évènements dans le monde sont venus percutés ma perception du monde et mon système de croyances (mon identité personnelle et professionnelle) :
• Tout cela avait déjà commencé quand j’ai démarré 10 ans en arrière. Je rentrais dans l’inconnu et vivais un Renouveau personnel et professionnel que j’avais choisi pour des raisons claires, et probablement des raisons inconscientes malgré mes explorations intérieures.
• Des soucis de santé en 2017 ont ouvert une première brèche à des questions nouvelles sur ma façon d’avancer : quel est le rail invisible qui conduit mon existence ? après quoi je cours ? quelle place prend ma vie professionnelle dans ma vie globale ? Est-ce que je vis ce que j’ai réellement envie de vivre ? Quelle place je donne au présent ? J’avais le sentiment d’ouvrir une boîte de Pandore.
Le cadeau de cette période a été de décider de reprendre du temps pour moi dans mon agenda, de m’ouvrir à de nouveaux espaces, et d’ouvrir davantage mon esprit et mon cœur, que ce soit dans ma vie privée ou ma vie professionnelle.
• Puis est survenue brutalement la pandémie qui m’a obligé à un arrêt forcé de 3 mois lors du premier confinement : un STOP bénéfique de prime abord, avec la rencontre d’un « livre » qui mettait des mots sur la façon dont je ressens profondément le Renouveau dans la vie et dans les organisations. Un livre qui mettait des mots sur ce qui m’anime profondément et dont je me suis éloigné sans m’en rendre compte.
• Quelques mois après, pour aller plus loin, je décide de me faire accompagner sur « ma mission de vie » et je découvre que mes aptitudes naturelles étaient à l’opposé de ce que j’avais développé depuis mon enfance, par sur-adaptation et besoin de sécurité pour coller aux attentes de mon entourage.
Des certitudes commencent à s’effriter en même temps que des nouveaux possibles émergent. Ma manière d’accompagner évolue et se rapproche de l’esprit d’origine contenu dans le nom de NEOVANCE. Je vois le bénéfice et les impacts mais je sens que ça résiste encore en moi, que je ne prends pas pleinement cette nouvelle direction à laquelle je me sens invité, alors que celle-ci émane du plus profond de moi.
> Au passage, ce ressenti me met profondément, physiquement, en lien avec les résistances vécues par les personnes et les organisations dans leurs projets de transition.
En parallèle, cette période a été source d’interrogation avec de fortes émotions :
– La stupéfaction à propos de la faible robustesse de nos démocraties en constatant la rapidité et la violence des clivages générés par « vacciné ou pas vacciné ». Que ce soit dans les familles et les organisations, des liens se sont rompus ou abimés, chacun campant dans ses certitudes (je vous invite à lire « Le réveil » de Laurent GOUNELLE).
– Le retournement soudain de situations pour les infirmières applaudies puis écartées si elles ne se vaccinaient pas,
– L’impossibilité d’accompagner les derniers instants d’un proche hospitalisé et atteint du COVID,
– Cette période a également exacerbé mon regard sur la situation écologique de notre planète à travers le climat, le manque d’eau et la réduction de la biodiversité, les besoins en énergie.
Ce ne sont que quelques exemples qui m’ont touché.
Triples fossés :
En élargissant mon regard au-delà de ma propre situation, j’observe un triple fossé qui se creusent (cf. Otto Scharmer) :
– Le fossé écologique : entre soi et la nature
– Le fossé social : entre soi et les autres
– Le fossé spirituel : entre soi et soi
Le développement exponentiel vers l’intelligence artificielle et toutes les technologies avec l’idée que seule la technologie nous sauvera, ressemble à une course folle qui nous coupe un peu plus de notre humanité.
Pourtant, j’observe aussi des belles choses sur le plan humain, que ce soit à travers de la solidarité ou des initiatives. Je suis aussi toujours émerveillé à travers mes accompagnements par la richesse des rencontres humaines et les ressources qui jaillissent.
Mais un sentiment de déception et de désillusion l’emporte en moi car je ne vois pas le monde aller dans le bon sens. Alors je me suis retrouvé à me dire, et je chemine encore avec cette question : « A quoi bon ? »
A quoi bon ?
L’espérance et la conviction d’aller vers un monde meilleur m’ont porté toute ma vie, et là je doute. Si l’idée du Colibri m’a soutenu jusqu’ à présent pour prendre ma part, je doute sur ma façon de contribuer et d’impacter aussi minime que ce soit.
La résonnance que je perçois avec mon environnement est que dans ce contexte, il est de plus en plus difficile de garder espoir en un monde meilleur. Nous pouvons être tentés de nous refermer sur nous-mêmes et de ne penser qu’à notre propre (sur)vie et celle de notre famille. Le défi de créer un monde plus beau, plus sain, plus résilient peut paraitre utopique ou perdu d’avance.
Alors dois-je renoncer et me contenter de faire « mon taf » juste de façon compétente, sans pouvoir porter cette conviction qui m’a porté, de nature peut être illusoire, naïve pourrait-on dire, mais source d’élan ?
En me disant cela, je sens en moi que ce serait renoncer à la vitalité, de me sentir animé, et à mon besoin de syntonie entre mes dimensions personnelles et professionnelles.
Et ce n’est pas que mon mental qui exprime ceci, je sens que c’est une réponse « instinctive », une réponse émotionnelle et physique du corps.
Être animé, c’est être présent et à l’écoute en soi de ce que la vie appelle à accomplir. C’est agir à partir d’une source intérieure qui donne du sens et du souffle à son action.
Comment faire quand la foi s’éloigne ? (Pas au sens religieux)
La réponse est peut-être dans cette question.
- La foi est synonyme de croire en la justesse de son action, de se sentir aligné. Dans le même temps, c’est l’accueil de ce qui se révèle. C’est un chemin dont le sens ne prend pas ses racines dans l’obtention d’un idéal absolu. C’est même l’inverse : dans ce qui nous écarte de cet idéal inatteignable par définition.A l’opposé, la croyance se veut absolue et rigide.
- La croyance en une idée, en un idéal à atteindre à tout prix, est enfermante, source de souffrance, et prive de la possibilité de renouveau.
- Il y a ici une sorte de paradoxe : la « juste » foi est de rechercher activement un idéal (une cause, un objectif, une mission …) sans excès de volonté qu’il soit ainsi.
Dans cette représentation que je me forge depuis cette source instinctive, je me sens pouvoir accueillir mes moments de doutes, de découragement, qui font partie de la vie. Et je peux me réjouir aussi des graines que je me sème, sans savoir ce qu’elles produiront, mais générées par une intention qui m’est propre.
Au fond c’est même une chance que j’ai, qu’une grande partie du monde ne possède pas ou ne possède plus que de pouvoir agir, parler, penser, choisir, construire.
Je me dis aussi qu’au travers des ruptures et fossés qui se creusent, le besoin de Renouveau s’accroit et que la raison d’être de mon activité n’en est que renforcée.
Et ça commence par moi, par mon propre Renouveau :
• Comment contribuer à ce Renouveau d’une manière à la fois profonde, légère, active, sans retomber dans de nouvelles « fausses certitudes » ?
• A quoi ne plus s’accrocher pour muter tout en se rapprochant de soi ?
• Comment faire de ce sentiment de « vide » un espace pour renouveler le sens et de re-création ?
• Comment, avec un regard lucide sur les incertitudes du monde, continuer à faire confiance à la Vie avec ce qu’elle amène de bon et de difficile ?
La résonnance : Ces questions qui sont les miennes sont peut-être aussi les vôtres ?
C’est à plusieurs titre que je partage mon témoignage et ces questions :
– Partager mon exploration et mes découvertes de façon la plus authentique possible
– Concourir à ce qui m’anime
– Écrire car j’aime cela et n’ai pas pris assez de temps pour le faire
Ces questions trouvent peut-être un écho en vous dans votre recherche de Renouveau, dans votre propre « A quoi bon ».
Cette résonnance, je la perçois bien autour de moi, dans la société, dans les Organisations. Elle parle du besoin de recontacter un élan, une intention depuis soi, une envie de créer, de déployer ses potentiels, de reconfigurer son regard et sa perception, de régénérer le sens de son agir. D’avoir foi en soi et en la vie avec ses bonheurs et ses déboires.
Ce renouveau est certes une traversée qui met en contact avec sa part vulnérable, c’est-à-dire avec la part de soi qui s’est appuyée sur des repères qui se sont construits pour s’adapter au monde et aux épreuves, pour dépasser les blessures propres à chacun. Mais ces repères ne sont plus des certitudes.
On ne peut aller vers le Renouveau sans s’inviter à cette écoute de soi, à cette dimension intérieure de l’Être. D’une manière qui ne soit ni jugeante sur soi, ni en recherche de vouloir être une personne meilleure, juste en sincérité et ouverture avec soi-même.
Au cours des prochaines semaines, je sèmerai les prochains chapitres que j’écris en cours de chemin, sans les connaître à ce jour. C’est pour moi comme un pèlerinage me permettant de reconsidérer ce qu’est le Renouveau et la manière de s’inviter dans l’émergence, de se régénérer, que ce soit pour moi, pour vous, pour une équipe, pour une organisation.
RDV donc au prochain chapitre.